A
l’exception du terrain de football sis au stade du campus social, l’Université
Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) ne dispose d’aucune autre aire de jeu réglementaire.
Cela malgré tous les champions du sport universitaire qui y sont issus. Un état
de fait qui confirme le manque d’infrastructures qui gangrènent l’université.
Ils étudient dans les Facultés,
écoles et instituts de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Ils sont
Sénégalais ou étrangers. Leur point commun : ils jouent au football tous les
après-midi au campus social. Mamadou, Salif et Bachir font du foot leur moyen
de distraction et de divertissement.
Chaussant ses crampons
de marque «Adidas» flasques, Mamadou Diaw prépare sa séance quotidienne
d’entrainement. Un maillot rouge et blanc du Bayern Munich floqué du nom de son
idole Franck Ribéry et des chaussettes de la même couleur lui donne l’air d’un
grand sportif. Difficile de suivre le rythme de cet étudiant en géographie, qui
descend des escaliers du pavillon L à grandes enjambées. Le jeune homme de 23
ans ne veut pas rater l’occasion de faire partie des premières équipes qui
joueront sur le petit terrain de l’Ucad.
Comme cet originaire de
Guédiawaye, nombreux sont les étudiants qui envahissent le petit terrain de
l’unique stade de l’Ucad à la recherche d’un espace disponible pour une partie
de football. Un terrain sablonneux mais loin d’être réglementaire car n’ayant
pas de limites. Deux cages peints en
bleue de mêmes dimensions que celles réservées au hand-ball servent de buts aux
2 équipes.
A 17 heures, l’endroit
grouille déjà de monde. Les premiers arrivants sont ceux qui constituent les
équipes. « C’est la loi ici. Mais
certains ne respectent pas cela, ce qui est parfois source de tensions voire
même de bagarres entre étudiants. C’est l’unique terrain qui est à notre
disposition» nous dit Mamadou. Scindés en 2 équipes de 7 joueurs chacune,
le match dure 10 minutes. Un joueur reste devant les buts et joue le rôle de
gardien. A la différence qu’ils n’utilisent pas ses mains. Cela s’explique par le fait qu’ils jouent à une partie de « petit camp». Au
terme du match, l’équipe vaincue cède la place à une nouvelle équipe. C’est
ainsi que cela va se dérouler jusqu’au coucher du soleil. Une trentaine
d’étudiants attendent leur tour. « Tout
le monde ne pourra pas être servi. Ce terrain ne peut pas contenir tous les
étudiants de l’Ucad» souligne Salif Sow. Dépités par la longue attente,
certains se contentent de quelques tours sur la pittoresque piste d’athlétisme
du stade.
A quelques encablures de
là, la devanture du pavillon Q est transformée en une aire de jeu. Tout comme
le petit terrain du stade, elle est prise d’assaut par une horde d’étudiants
désireux de livrer une partie de «petit camp». La poussière soulevée par les
joueurs rend l’air presque irrespirable. Ce qui irrite les étudiantes logées au
pavillon Q. « Ils nous fatiguent
avec leur «petit camp». Ils ne nous laissent même pas le soin de nous reposer
après les cours. Je reviens tout juste d’un examen. On a quand même le droit de nous reposer.
C’est chaque jour le même scénario » peste Mariama Wade, étudiante à
la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP). Face à cette situation,
Bachir Ciss déclare qu’ils n’ont pas le choix. « Tout espace libre est considéré comme un terrain de foot par les étudiants.
C’est le manque de terrain qui explique tout cette agitation. J’étais au stade
mais là-bas il n’y a plus d’espaces disponibles. Je suis donc obligé de me
rabattre sur ce terrain de fortune».
Devant les pavillons O
et P, le même scénario y prévaut. Les étudiants ne résignent sur aucune surface
disponible. « La seule idée qui nous
anime : c’est de jouer au football malgré cette surface cahoteuse truffée
de pierres et de cailloux tranchants. Le stade du Dakar Université Club (DUC)
ne peut pas accueillir tous les étudiants férus du football » nous explique
Mbaye Gueye, étudiant à l’Ecole des Bibliothécaires, Archivistes et
Documentalistes (EBAD).
Pour ne rien arranger à
cela, le grand terrain est tout le temps occupé. Pour y jouer il faut une
autorisation du Bureau de Sports du Coud. Cette situation s’explique selon le
responsable des infrastructures sportives Ousmane B. Sow par de nombreux facteurs. « Le terrain est occupé du lundi au dimanche
par les étudiants. L’Ucad regroupe en son sein plus de 200 associations alors
qu’on ne dispose que d’un seul stade. Les entrainements du Duc, les matchs
d’inter-facs, les compétitions d’inter-nations et même certaines veillées
religieuses y sont organisés. C’est la seule discipline où l’on note des
problèmes d’organisation » souligne ce dernier. Il est d’avis que la
résolution de ce problème passe par la construction et l’aménagement de
nouveaux terrains de football au campus social.